Bruxelles : une ville diverse et en constante évolution
Bruxelles est une ville marquée par la diversité, tant au niveau de son histoire que de ses habitants. Chaque époque laisse des traces, des repères culturels et artistiques qui participent à l’édification de la ville. C’est cette richesse, ce mélange des influences, qui favorise la tolérance et l’ouverture d’esprit.
Une œuvre dépassée ?
La sculpture La Maturité, réalisée par Victor Rousseau en 1922, suscite aujourd’hui la controverse. Certains estiment qu’elle est en rupture avec les valeurs contemporaines d’égalité des genres et qu’elle reflète une vision patriarcale des rapports sociaux et familiaux. Comme le souligne Ans Persoons : « Il y aurait déjà beaucoup de sculptures de Victor Rousseau à Bruxelles… La vision patriarcale des rapports sociaux et familiaux de ce monument (qui) n’est plus en phase avec la société actuelle ».
Mais alors, faut-il supprimer cette œuvre du paysage urbain sous prétexte qu’elle ne correspond plus aux idéaux actuels ?
Victor Rousseau et son influence
Victor Rousseau était un artiste majeur de son temps, très proche de l’architecte Victor Horta, dont de nombreuses réalisations sont encore préservées à Bruxelles. De la même manière que l’on continue à célébrer Horta et ses maisons Art nouveau, Rousseau fait partie du patrimoine culturel de la ville et ne doit pas être écarté.
L’art public et ses symboles
Les statues présentes dans l’espace public bruxellois ont souvent servi à illustrer le pouvoir et l’autorité. Parmi elles :

Godefroid de Bouillon: soldat du christianisme au M-O

Le roi Albert I à cheval en uniforme

Le roi Léopold I en uniforme, colonne du congrès

Le roi Léopold II à cheval en uniforme
Ces monuments s’imposent d’eux-mêmes, sans besoin d’explication. D’autres, comme la statue de Charles Buls, rendent hommage à des figures ayant marqué la société par leurs actions, ici la promotion de l’éducation publique.
Mais La Maturité n’est pas une statue de pouvoir. C’est une œuvre qui propose une représentation allégorique et universelle du cycle de la vie.
Une œuvre artistique et philosophique
Sculptée en marbre de Carrare, La Maturité est une œuvre majeure de Victor Rousseau, dotée d’une forte charge symbolique. Elle se présente sous la forme d’un tryptique représentant différents âges de la vie, illustrant la joie, la sagesse, l’amour et la tristesse humaine.
Loin de chercher à imposer une vision figée du pouvoir, elle incarne des valeurs d’ouverture et de tolérance, rendant la beauté accessible à tous. Pourtant, elle souffre d’un manque d’entretien criant, alors qu’elle devrait être mise en valeur.
Une intégration dans le projet de Bas Smets ?
Avant les travaux d’aménagements récents, La Maturité était déjà peu mise en avant, enfermée dans un enclos de balustrades en pierre bleue. Plutôt que de la reléguer à l’oubli ou de la supprimer, ne pourrait-elle pas être mieux intégrée dans le projet de réaménagement de l’espace public conçu par Bas Smets ?
La question de la nudité
Une des polémiques majeures autour de l’œuvre repose sur la représentation de personnages peu ou pas vêtus. Cette critique n’est pas nouvelle : Les Passions Humaines de Jef Lambeaux avaient également été controversées en leur temps.
Mais l’art ne doit pas être censuré en fonction des sensibilités fluctuantes. La nuditeé dans l’art est une représentation universelle du corps humain, dépassant les considérations morales ou politiques du moment.
Conclusion : une œuvre à revaloriser
Supprimer La Maturité, c’est nier une partie de l’histoire et du patrimoine bruxellois. L’art public doit être un témoin du passé, mais aussi un élément de débat et de réflexion.
Plutôt que de la faire disparaître, intégrons cette œuvre dans le paysage contemporain en lui offrant une mise en valeur digne de son importance artistique et culturelle.